Toujours plus d’intelligence artificielle dans les services publics, toujours autant d’opacité : l’Observatoire des algorithmes publics publie la deuxième édition de son inventaire citoyen

L’Odap publie en novembre 2025 la deuxième édition de son inventaire citoyen des algorithmes publics ⤤ qui recense les algorithmes et les systèmes d’intelligence artificielle utilisés dans les services publics. L’inventaire a été réalisé de manière collaborative avec plus de quarante contributeur·ices bénévoles. Ses résultats témoignent à la fois de l’essor de l’IA dans les administrations et de l’opacité persistante qui entoure ces systèmes. Très peu d’informations sont actuellement communiquées par les administrations, notamment en matière de budgets et d’évaluations.

Pour nous contacter : contact@odap.fr .

Les résultats de la seconde édition : toujours plus d’IA dans les services publics, toujours autant d’opacité

L’inventaire documente désormais 120 systèmes. Il n’est, par nature, pas exhaustif, et a vocation à évoluer dans le temps.

Les contributeur·ices, quel que soit leur niveau d’expertise sur les algorithmes publics, ont témoigné de difficultés persistantes à trouver des informations sur les algorithmes et systèmes d’IA. Il est même parfois extrêmement difficile de comprendre ce que l’algorithme fait exactement, et quel est son but. De nombreuses administrations ont documenté leurs projets d’accélérer leur adoption de l’IA, via des partenariats stratégiques avec des entreprises privées, sans que plus d’informations ne soient à ce jour disponibles sur les aspects concrets de ces partenariats.

L’opacité persiste :

  • Un manque d’évaluations publiées : seulement 13 algorithmes ont fait l’objet d’évaluations internes publiées par l’administration.
  • Une opacité sur le coût des systèmes : nous ne disposons d’informations budgétaires que pour 18 algorithmes. Les informations sont souvent partielles, par exemple sur une année ou sur une partie des budgets.
  • 18 algorithmes ne respectent pas leurs obligations de transparence : les algorithmes qui permettent de prendre des décisions administratives sont soumis à des obligations renforcées de transparence. Sur les 24 algorithmes recensés dans l’inventaire qui sont soumis à l’obligation de publication des règles en ligne prévue par la loi (article L 312-1-3 du CRPA), nous estimons que 18 ne la respectent pas.

L’IA générative fait irruption dans l’administration, avec de nombreux chatbots (agents conversationnels) déployés comme outils de recherche d’information et d’assistance à la rédaction, ou des outils de transcription et de traduction.

Parmi les algorithmes marquants, de par leur sujet ou leur portée :

  • Parole : un logiciel de retranscription des auditions d’enfants victimes auditionnés par la police ou la gendarmerie nationale.
  • L’algorithme utilisé par la CNAM (caisse nationale d’assurance maladie) pour calculer la probabilité de fraude des bénéficiaires de la complémentaire santé solidaire gratuite.
  • Plusieurs systèmes développés par France Travail, notamment le score d’employabilité, ChatFT et MatchFT. A noter que ces systèmes n’apparaissent pas dans la page de recensement des algorithmes publics produite par France Travail.

Nos appels à l’action

  • Les administrations doivent être transparentes sur leurs usages de l’IA, leurs coûts, qui les conçoit, et leurs résultats, ainsi que les infrastructures utilisées. La transparence est un prérequis nécessaire (même si non suffisant) à la mise en place de ces systèmes, pour permettre de débattre des choix qui sont fait et se rendre compte des véritables performances et coûts de ces systèmes… et, parfois, de renoncer à utiliser des algorithmes.
  • Le sujet de l’intelligence artificielle dans l’administration n’est pas un sujet technique : c’est un sujet politique, et tout le monde est légitime à s’en emparer. Si le sujet vous tient à cœur, n’hésitez pas à nous contacter ( contact@odap.fr ).
  • Nous devons porter une attention particulière aux partenariats conclus entre l’administration et les entreprises privées, notamment pour le développement d’outils d’IA générative.

Contexte : l’Odap et l’inventaire citoyen des algorithmes publics

L’Observatoire des algorithmes publics (Odap) est une association française qui crée et rassemble des informations sur les algorithmes et les systèmes d’intelligence artificielle utilisés par les administrations françaises, pour les rendre plus transparents et contribuer à leur évaluation indépendante.

L’inventaire documente les algorithmes et systèmes d’IA utilisés par l’administration centrale, ce qui comprend les ministères et les agences de l’État. Ses objectifs :

  • Recenser les algorithmes utilisés par les administrations, en centralisant l’information pour qu’elle soit utile aux associations et collectifs citoyens, professionnels, militants ou de recherche.
  • Montrer que les algorithmes ne sont ni neutres ni autonomes, en mettant en évidence l’importance des choix et des contextes qui influencent leur fonctionnement.

Pour cela, il s’appuie sur des informations publiques issues :

  • Des administrations elles-mêmes dans des documents stratégiques, de communication ;
  • De sources institutionnelles : rapports de la Cour des comptes, du Défenseur des droits ;
  • De sources externes : chercheur·ses, journalistes, associations, syndicats ayant enquêté sur ces systèmes.

L’inventaire va au-delà de la technique, et documente également le contexte de conception : administrations porteuses du projet, partenaires (notamment entreprises privées), budgets, évaluations.

Les nouveautés de cette seconde édition

  • Une édition collaborative : plus de quarante contributeur·ices bénévoles se sont mobilisé·es pour documenter les algorithmes. L’appel à contributions était ouvert sans condition d’expertise.
  • Une nouvelle interface, permettant de visualiser plus facilement les systèmes.